Posted on March. 4. 2019
REVUE DE PRESSE
Les officiels d’Ellis Island Medal of Honor [Médaille d’Honneur d’Ellis Island] rejettent la demande d’Hovnan Derderian de retirer le prix attribué à Appo Jabarian, sur le fondement du Premier Amendement sur la Liberté d’expression et la Liberté de la presse
Par Appo Jabarian
http://www.armenews.com/spip.php?page=article&id_article=9181
Les Américains tiennent à la liberté de la presse. Les Arméniens sont venus en Amérique pour cette même liberté. L’auteur de cet article est venu aux Etats-Unis pour y exercer le journalisme en toute liberté.
Comme journaliste d’investigation, j’ai dénoncé la corruption au plus haut niveau de l’Église arménienne. J’ai publié quelques unes de ces révélations écrites par divers auteurs internationaux. Cela m’a valu des menaces sur ma vie.
Comme journaliste, je continuerai à dénoncer la corruption que notre église organise à l’échelle mondiale. Je publierai des articles écrits par d’autres aux quatre coins du monde. Cela ouvrira, je l’espère, un débat salutaire sur notre église.
Quelques événements récents ont mis sur le devant de la scène un scandale de premier ordre qui s’est produit à New-York, en mai 2016, impliquant le Primat du Diocèse de l’Ouest de l’Église arménienne Hovnan Derderian.
Pour tenter de ridiculiser, d’embarrasser et de contraindre au silence l’auteur de cet article, Derderian avait entrepris de faire retirer au journaliste d’investigation la récompense qu’Ellis Island lui avait décernée. Par procuration, Il aurait suggéré aux conseillers du comité Medal of Honor d’Ellis Island, qu’ils exigent la restitution de la médaille d’honneur reçue par son récipiendaire.
Selon lui, le journaliste d’investigation arménien-américain aurait « répandu des contre-vérités et des mensonges concernant Derderian ». Ayant été jugées sans fondements, l’ensemble de ses allégation ont été rejetées ; la récompense reçue par Appo Jabarian a été validée et réaffirmée.
Normalement, le rejet d’une simple candidature ne fait l’objet d’aucune information particulière. Un tel acte est donc sans conséquences. Mais s’agissant d’une distinction de portée nationale, l’effet d’une annulation après coup est dévastateur. Au crédit du National Ethnic Coalition Organisation, NECO [Organization de Coalition Étnique Nationale], les allégations de Derderian ont été discréditées et rejetées, et la réputation honorable du lauréat légitime a été préservée.
La scandaleuse manœuvre de Derderian pour que soit retirée la Médaille d’Ellis Island que Jabarian a reçue n’était qu’une représailles aux trois articles publiés par Jabarian qui rendaient compte des méfaits de Derderian. En août 2015, un article était paru sous le titre « Agissements de l’archevêque Hovnan Dederian dans la campagne au Diocèse de l’Ouest pour les élections présidentielles d’Arménie » ; en septembre 2015 paraissait un autre article « l’archevêque Hovnan Derderian représentant du Catholicos Karekin II viole les constitutions arméniennes et américaines » ; et au début du mois de mai 2016, un troisième article « l’archevêque Derderian est-il un chef spirituel ou un despote ottoman ? » était paru dans USA Armenian Life Magazine et dans l’hebdomadaire armenien Hye Kiank .
Suite à l’échec cuisant de cette lamentable atteinte à la liberté d’opinion et d’expression, l’auteur de cet article avait pris ses distances et s’abstenait de tout compte-rendu sur les méfaits de l’ecclésiastique corrompu. Pour le dire simplement, au fond de son cœur, cet auteur avait pardonné et oublié. Il avait décidé de passer à autre chose…
Par contre, confronté à cette défaite embarrassante auprès de NECO, Derderian du diocèse de l’Ouest s’entêtait à vouloir « détruire » coûte que coûte l’hebdomadaire USA Armenian Life Magazine. La litanie de ses agressions contre le journal s’est considérablement allongée au cours des années. Dans l’un des épisodes, il aurait demandé à tous les organisations Arméniennes d’Amérique de boycotter USA Armenian Life Magazine et sa publication soeur en langue arménienne Hye Kiank Armenian Weekly, dans l’espoir de priver ces publications du produit de la publicité, revenu nécessaire et même vital pour la presse libérale.
Comme auteur, j’ai été attaqué et menacé dans l’exercice de mon métier pour avoir dénoncé la corruption à Etchmiadzin et au sein du diocèse de l’ouest de l’Église arménienne. Trois hommes vêtus de noir sortis de l’immeuble du Diocèse en plein jour, un 23 décembre, remontèrent la rue (scène enregistrée dans la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=srtn1r-F2nY ) en proférant des menaces de mort. Ce qui rend les choses encore plus regrettables, c’est que ni Hovnan Derderian, ni d’ailleurs aucun officiel du Conseil du diocèse n’ont condamné les menaces de mort que trois individus sortis du Diocèse ont proférées.
Quand la police de Burbank est arrivée sur les lieux, ils avaient disparus. Aujourd’hui, malgré leur identification positive par le victime auprès des fonctionnaires de police, les agents de la police locale et fédérale n’ont appréhendé et présenté à la justice aucun des suspects.
J’ai dû engager des fortes dépenses pour assurer ma protection par l’agence privée 24/7. Où sont les suspects ? Où se cachent-ils ? Il doivent être présentés à la justice. Venaient-ils d’Arménie, détachés de gangs du crime organisé et contrôlés par certains oligarques associés à Karekin II ? Si tel est le cas, ont-ils été ’réexpédiés’ après avoir accompli leur mission criminelle ?
Le professeur de Science Politique Z.S.Andrew Demirdjian de l’Université de Long Beach de l’État de Californie écrivait le 11 janvier dans USA Armenian Life Magazine « pour marquer son opposition à la presse, plutôt que l’emploi de méthodes primaires ou le recours à l’épée, pour corriger ce qui a été écrit de façon civilisée, il vaut mieux recourir à la plume. Tirer sur le messager, c’est une image, est une méthode pratiquée depuis longtemps par les dictateurs ou politiciens instables à travers le monde. Ces pratiques d’un autre âge ne devraient exister ni en Arménie ni dans sa nombreuse diaspora ».
Dans le paragraphe du même article intitulé ’La démocratie meurt dans l’obscurité’ il poursuivait : ’l’opinion commune est que la presse doit, comme une institution, être protégée de toute attaque venue d’agents publics ou de citoyens mécontents… Ce qui se passe aujourd’hui exige que le public soit informé de l’importance d’une presse indépendante, capable de publier les faits sans distorsion et en pleine transparence. Les Arméniens doivent faire de même afin d’éduquer ceux qui vivent encore dans des cavernes’.
En conclusion, il a écrit : « dire qu’une démocratie ne peut fonctionner sans une presse libre est un truisme (lapalissade). Je suis sûr que les disciples du catholicos Karekin II [Derderian y-compris – note de l’éditeur]… sont libres d’être loyaux envers lui et de protéger son image. De même, M. Jabarian a le droit inaliénable d’écrire des articles le concernant et même de le critiquer. Sans les journaux, nous, le peuple, nous serions tenus dans l’ignorance des événements et des problèmes ; sans critique constructive, nous ne pourrions que décliner ; sans la presse, sont serions plongés dans l’obscurité ».
Vivant dans une démocratie vibrante, l’auteur du présent article [Appo Jabarian, ndr], comme beaucoup d’autres auteurs, a le droit d’émettre des opinions sous forme imprimée et sans aucune censure, jouissant de la même liberté de la presse en vertu du Premier amendement de la Constitution des États-Unis. Ce droit est défini et garanti aux États-Unis par le Premier amendement donnant aux journalistes le droit de publier sans contrôle du gouvernement. Derderian et ses cohortes qui pensent comme lui se trompent ; ils croient que nous sommes encore astreints aux règles despotiques de la Turquie ottomane et qu’ils peuvent imposer le silence aux critiques tout en piétinant les droits démocratiques de liberté d’expression que notre Premier amendement garantit.
La rancune de Derderian est tenace et ne connaît aucune limite. Il n’y a pas de doute : il tient en otages les ouailles moralement sains et spirituellement dévoués à leur Eglise, ainsi que le clergé de sa juridiction dans un abus flagrant de pouvoir.
Des membres du clergé bons et sensés errent à l’intérieur et à l’extérieur du Diocèse de l’ouest ; ils s’empêchent de parler parce que leurs moyens d’existence pourraient être menacés. En tant que journaliste libre, je ne suis pas soumis à de telles peurs ou craintes ; je suis de plus tenu de révéler l’existence du réseau mondial de corruption au sein de notre Église. Je suis tout à fait fondé à publier des articles écrits par moi-même et par d’autres à travers le monde. J’espère que cela ouvrira un débat ouvert à propos de notre église et sur notre futur commun en tant que peuple et communauté du monde.
La liberté de la presse, d’après le Premier amendement de la constitution des États-Unis, est garantie aux États-Unis pour la publication d’imprimés sans aucun contrôle du gouvernement. Que je sache, cela s’applique également, sans contrôle ou censure de la part du Diocèse de l’ouest de l’Église arménienne à Burbank, Californie, où les mêmes règles de droit s’appliquent. La dernière fois que je l’ai vérifié, la République de Californie dans laquelle est située Burbank, faisait partie de l’Union et aucune sécession pour s’adjoindre à une dictature du tiers monde n’avait eu lieu.
À travers les siècles, les Arméniens ont enduré diverses épreuves. Des bords de l’annihilation, ils sont revenus de façon admirable, constitués en nation ; ils ont reconstruit un foyer national dans les deux républiques soeurs d’Arménie et d’Artsakh ainsi que dans une diaspora réussie. C’est dans notre ADN. La Révolution de velours a soufflé un air frais sur notre peuple. Le nouveau gouvernement arménien a séparé l’Église de l’état. À présent, le gouvernement actuel ne pourra plus contester, à la société civile de notre pays et à la diaspora, la nécessité d’entreprendre des réformes au sein des institutions nationales dont fait partie l’Église arménienne. Et maintenant, dans une Arménie libérée de la corruption soviétique et dans une Diaspora sortie du joug turc ottoman, partout les Arméniens voient devant eux s’ouvrir la voie d’un renouveau sans précédent. La nation arménienne mérite mieux. Il revient aux Arméniens de partout dans le monde de mettre de l’ordre dans leur Église et dans leurs institutions.
Au moment où USA Armenian Life Magazine et Hye Kiank Armenian Weekly sont sur le point de mettre sous presse, les lettres, communications téléphoniques, emails, commentaires sur les media sociaux, visites de particuliers membres de la communauté arrivent au journal, avec des mots d’encouragement pour continuer cette mission journalistique.
Mais cela n’est que la pointe de l’iceberg… Nous avons à présent à notre disposition une liste plutôt longue des manigances de Derderian. Il ne se passe que peu de jours sans que des proches de Derderian ne viennent avec des informations nouvelles. Restez à l’écoute, il y a encore du nouveau !
Tandis que j’écris ces lignes, des donneurs d’alerte se manifestent. À partir de ce jour, Derderian adoptera-t-il d’autres méthodes pour les forcer au silence ?
lundi 4 mars 2019, par Jean Eckian
P.-S.Traduction Gilbert BéguianPhoto Jean Eckian